Regard
«Si tu ne peux pas changer le monde, change le Regard que tu portes sur lui!». Voilà, en quelques mots ce que l’on peut considérer comme une idée forte digne du Grand Livre des Citations Universelles, n’est-ce pas ?
Oui, mais comment pouvons-nous changer ce regard que nous avons «appris » à poser méthodiquement sur le monde qui nous entoure, sur les gens qui nous accompagnent dans la vie, sur les événements que nous subissons, sur ceux que nous provoquons, sur le mal que nous nous faisons et sur celui que nous faisons aux autres, sur les regrets de toute une vie, sur les espérances légères, sur les espoirs désenchantés que nous avons portés et qui nous ont portés dans une transe euphorique, sur les petits malheurs et les grandes déceptions, sur les habitudes ancrées, sur les doutes angoissants, sur les certitudes fragiles, sur les batailles inutiles dont l’origine se perd dans la nuit de l’inconscient, sur les bravades glorieuses clamées comme des victoires amères, sur les peurs justifiées, sur les craintes innées et surtout, avant tout, sur notre propre condition, celle d’être ce que nous sommes ?
Chacun de nous pourrait poursuivre et développer cette longue interrogation, psalmodiée comme une litanie, à son propre rythme, en ayant toujours « raison » et ce ne serait que justice.
Le monde dans lequel nous vivons et nous baignons comme dans un liquide amniotique dont la simple évocation peut plonger dans une douce nostalgie nous offre plusieurs angles de vues que nous ne percevons pas parce que personne ne nous les a montrés et qui par une logique parfaite n’existent pas.
Mais est il question ici de logique ? Est il question d’être logique ? Et avec qui ?
Avant tout soyez rassurés nous n’allons pas repartir sur de nouvelles énigmes qui nous feraient tourner en bourrique. Aussi nous allons aller droit au but. Il est important de souligner d’ores et déjà que la logique n’a rien à voir dans notre propos. Ceci doit être établi comme un préalable nécessaire, pratiquement un postulat qui, très vite, va s’imposer, quel paradoxe, comme toute réalité, mouvante, fluctuante, vivante. Il serait d’ailleurs intéressant de se pencher sur ce que chacun entend par réalité. Les réponses pourraient bien nous surprendre et l’on verrait que ce qui est vrai pour l’un ne l’est pas, forcément, pour l’autre.
Où se situe alors la logique ? Qu’exprime t-elle ? Comment concevons nous la finalité d’une ou d’une série d’actions ? Nous ne tournons absolument pas en rond, bien au contraire. Nous avons ouvert la porte d’une réflexion qui se veut dynamique, sans préjugé, sans tabou, et dans laquelle la logique cartésienne est battue en brèche par une force plus importante encore et qui se cache au plus profond de nous.
Nous pensons que ce que nous voyons est vrai et bien sûr, en un sens, ça l’est. Mais dans un sens seulement. Car, comme cela a été énoncé au début de ce propos, il y a plusieurs manières de voir. De Se voir. Et de projeter un regard, le nôtre. Evidence pas si évidente. Nous passons une grande partie de notre temps à tenter de résoudre des problèmes qui sont parfois bien concrets mais en utilisant pratiquement à chaque fois les mêmes méthodes. Tout cela nous ramène à la logique.
Je ne dis pas que nous n’avons jamais la solution adéquate mais le plus souvent nous voulons appliquer avec une rigueur à la précision suisse, une mécanique qui somme toute ne fait que reproduire les mêmes effets alors que nous tâtonnons, nous balbutions. Si cela est clair pour certains, j’avoue humblement que je me perds dans le dédale d’une logique qui n’a plus de sens.
Ce que je tente de dire d’une façon bien maladroite, c’est que nous nous enfermons sans en avoir conscience dans le moule de l’illusion confortable et rassurante qui nous donne l’impression de savoir, de posséder la Connaissance, autrement dit, de la toute puissance. Bien heureusement, il y a des solutions aux problèmes que chacun rencontre. Mais, et là se situe toute la différence, sommes nous capables, non pas de la trouver (la solution), mais de nous tourner vers l’autre qui est Nous ?
La grande difficulté pour beaucoup n’est pas de s’acharner à résoudre un problème mais de le laisser se dissoudre en récupérant toute l’énergie qui nous est nécessaire pour vivre et voir la vie telle qu’elle est.
Dans sa diversité.
Aziz Farès