Appel à Moratoire
Il est formellement établi que la technique d’exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique est nocive aussi bien sur les équilibres environnementaux que sur la santé. Les conclusions des expériences actuelles dans les pays qui ont fait le choix de l’exploitation des gaz de schiste sont alarmantes ce qui a fait interdire définitivement cette technique en France et plus récemment (décembre 2014), dans l’Etat de New York et au Canada, sans oublier le désenchantement en Pologne.
Sont incriminés la toxicité des produits utilisés dans le fluide de fracturation (agents de soutènement, réducteurs de friction, surfactants, gélifiants, inhibiteurs de corrosion, antimousses…) dont certains sont cancérogènes (benzène, formaldéhyde, naphtalène…), neurotoxiques (aluminium, hexane, acrylamide, toluène, xylène…), ou toxiques pour la reproduction (acide borique, toluène). Certaines substances considérées comme des perturbateurs endocriniens sont également utilisées (phtalates, butoxyéthanol…). Est également mentionnée la toxicité de certains éléments naturels, remontés en surface, par les boues et la difficulté de traiter ces dernières (métaux lourds, produits hautement radioactifs, bactéries anaérobies qui au contact de l’air produisent un gaz asphyxiant), en plus de la pollution de l’air et des nappes phréatiques.
Un autre inconvénient et non des moindres : cette technique nécessite l’utilisation de quantités astronomiques d’eau qui, en Algérie, ne pourront être puisées que dans la nappe albienne fossile et non renouvelable. Cette eau pourrait servir au développement d’autres secteurs tels que l’agriculture, le tourisme, pourvoyeurs d’un plus grand nombre de postes de travail pour les populations locales, de façon durable et respectueuse de leur lieu de vie.
Pour finir, il est de plus en plus établi que l’investissement dans les gaz de schiste ne soit pas rentable et qui a créé une véritable bulle spéculative. Il est important de signaler que les coûts secondaires à l’impact sur la santé et l’environnement ne sont toujours pas intégrés dans l’investissement.
En ce qui nous concerne en Algérie, n’oublions pas Reggane, B2 Namous, Haoud Berkane et le risque que représente actuellement l’enfouissement du CO2 dans la région de In Salah.
N’oublions pas, également, que l’eau sera notre or bleu après l’ère de l’or noir. Dire Non à l’exploitation de gaz de schistes e c’est dire OUI à une Algérie responsable.
Plus que jamais, devant l’effondrement des cours des hydrocarbures qui nous met face a notre réalité économique et à sa fragilité, une réflexion large et stratégique s’impose afin d’impulser une véritable vision quant à la politique économique et énergétique de notre pays : nécessité de diversifier notre économie pour qu’elle devienne créatrice de richesses et nécessité de diversifier nos ressources énergétiques hors fossiles. Il est de notre responsabilité à tous de réfléchir en termes d’équité intergénérationnelle et de se projeter vers l’avenir de nos enfants et des enfants de nos enfants.
Par devoir citoyen et en soutien aux populations du Sud qui nous ont donnés une leçon de citoyenneté notamment par leurs refus de toute récupération ou manipulation, nous faisons l’appel suivant :
La nécessité d’un moratoire en attendant des process plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité, et rentable économiquement.
l’urgence de réactiver le Conseil national de l’Energie
impulser un débat national, serein, sur l’avenir économique et énergétique de l’Algérie, impliquant tous les acteurs de la société algérienne dans la transparence la plus totale.
L’Algérie est à un tournant décisif de son histoire, celui de la deuxième indépendance, économique celle-là, qui risque d’être compromise par des décisions précipitées et pas assez concertées. Les citoyennes et les citoyens, au nom de la responsabilité, doivent imposer l’ouverture d’un champ de réflexion à toutes les bonnes volontés du pays, pour sauver l’Algérie du péril.
P/Le Collectif « Non à l’exploitation de gaz de schiste en Algérie »
Dr Sabrina Rahmani
Signataires
Abdelkader Saadallah: Dr en Géosciences et Écrivain,
Hocine Bensaad: Expert International en risques et catastrophes (notamment dans le cadre de l’ONU)
Kacem Moussa : Professeur en géologie, expert en environnement, expert en mini-carrière a l université d’Oran
Abdelouahab Zaatri: Professeur d’université-Polytechnicien.
Boubekeur Abdellaoui: consultant et expert en Energie
Salim Bellazoug: ingénieur en hydraulique spécialisé dans le contrôle de la qualité et la gestion de projet
Mouhamed Said Beghoul: Ancien cadre Sonatrach, Oil&Gas Exploration/Development Consultant
Hocine Malti: Expert en pétrole Ancien Vice Président Sonatrach.
Nous annonçons aussi le soutien de :
Nacer Djabi éminent sociologue,
Malika Benarab-Attou Franco-Algérienne Ex députée au Parlement Européen,
Aziz Fares journaliste et écrivain
Mourad Ouchichi: DR en sciences politique et enseignant à l’université de Béjaia
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