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Légitimité.zéro

En hommage à Mohamed Boudiaf.

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Le pouvoir algérien, né d’un coup de force, souffre d’un manque flagrant et cruel de légitimité. Oui je sais c’est un euphémisme ! Mais il me paraissait nécessaire d’évoquer certaines réalités .

Malgré sa puissance de feu qui repose sur le contrôle exclusif des ressources naturelles, ce pouvoir n’a même pas su construire les bases d’une véritable dictature , se réfugiant derrière une démocratie de façade.

N’eut été le pétrole , ce pouvoir, sous la férule de colonels putschistes et de généraux d’opérette bedonnants aurait été contraint de travailler et n’ayant aucun goût pour l’effort, il se serait rapidement lassé et aurait laissé la place à plus compétent.

Mais, attiré par cette ruée vers l’or noir et bien avant l’indépendance de 1962, il s’est méthodiquement appliqué à gommer toute opposition qui aurait pu le contraindre à s’ouvrir à une redistribution équitable des richesses et à un partage du pouvoir fondé sur l’alternance.

Ce déficit de légitimité a toujours représenté le talon d’Achille d’un géant aux pieds d’argile qui croyait posséder les atouts nécessaires pour gouverner en devenant calife à la place du colon.

Sans assise populaire, sans expérience,instable, le pouvoir n’a eu qu’une seule préoccupation: ne pas montrer sa faiblesse ; aussi il a verrouillé le champs politique et économique en affublant toute opposition de qualificatifs dégradants.

Ainsi, de nouveau slogans se sont répandus et ceux qui étaient considérés comme des contrerévolutionnaires post indépendance furent pourchassés, exécutés à Madrid où à Frankfurt, emprisonnés et certains n’ont dû leur salut qu’à un exil douloureux.

Les francophones étaient suspectés d’être des militants du fantomatique
« hizb franssa » et les kabyles furent réduits à ne parler leur langue maternelle que dans l’intimité de leur foyer.

Une dépersonnalisation sournoise de l’Algérie fut entreprise de manière systématique allant même jusqu’à contraindre à l’exil l’auteur de l’hymne national, Moufdi Zaharia, un amazigh.

Mais cela ne suffisait pas à ce pouvoir dont la culture tant militaire qu’intellectuelle et artistique se limitait à la danse du bâton.

Il lui fallait plus.

Alors il fit plus.

Au lieu de rassembler autour d’un projet commun de société qui aurait pu s’appuyer sur les magnifiques et diverses composantes de la Nation algérienne qui au lendemain de l’indépendance était encore portée par une dynamique vivante, le pouvoir a préféré se recroqueviller dans un confortable nationalisme anachronique qui lui donnait l’illusion
d’ une légitimité qui lui faisait terriblement défaut.

Les figures historiques des pères fondateurs de la lutte de libération furent barbouillées sur des plaques de rue , les stades de football portaient des noms qui faisaient référence à des dates qui se voulaient historiques, et le cinéma produisait des scénarios sur mesure et traitaient exclusivement de la guerre de libération et les médias s’appelaient « ElMoudjahid » ou « Echaab » en faux témoignage d’une époque révolue.

Les amazighs furent les principales victimes de cet ostracisme. Leurs leaders emprisonnés, leur culture folklorisée, leur musique interdite sur
l’unique chaîne tv, et pour finir leur drapeau fut interdit.

Le pouvoir , en réalité, ne prêche pas l’unité autour du drapeau. Il ne craint même pas une révolte berbère qu’il a réprimée par le passé sans aucun état d’âme.

Le pouvoir se cherche une légitimité qu’il n’a jamais pu obtenir ni par les urnes truquées et bourrées , ni par une dynamique socio économique, ni par une dimension diplomatique à laquelle il était le seul à croire pendant les années d’esbroufe et d’effets de manches de Abdelaziz Bouteflika.

En 1991, sous la poussée de l’islamisme intégriste qui contestait son autorité et se trouvait à une coudée de la présidence, le pouvoir encore en panne de crédibilité crut devoir faire appel à Mohamed Boudiaf avec l’arrière pensée de profiter de sa légitimité historique.

Mais le pouvoir Algérien composé d’apprentis soldats ne pouvait revendiquer aucun fait d’armes; avec ce handicap il ne fut pas possible de bâtir un état et ces docteurs folamour n’ont même pas été capable d’imposer une dictature à la Franco, Pinochet, Salazar ou Staline.

Ce pouvoir usurpé s’est bêtement laissé grisé par le gain facile.

Et cela lui est monté à la tête.

C’est ce qui le perdra après avoir démontré qu’il était inapte à gouverner.

Aziz Farès
29 juin 2019.
En hommage à Mohamed Boudiaf

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