Innocence
Un air d’innocence qui mord le ciel.
Cette scène serait un plaisir pour les yeux si l’absurdité qui suivra n’obligerait pas qui en serait témoin à numéroter ses abattis comme s’il se relevait d’une chute.

L’enfant assistera, à marche forcée, à l’égorgement du mouton dont il a gagné l’amitié et l’affection; il le verra gesticuler bruyamment dans sa dernière peur, la tête en bonds et rebonds sur le sol et le reste du corps gigoter de ricochets brusques.
Souffreteuse distinction en de pauvres de nous qui haranguons le mouton de quelques pitiés sacrées, il ne subit que le naturel des choses dans une jungle administrée par l’Homme, carnivore par passion.
La principale victime dans la scène est cet enfant qui endure son premier et véritable traumatisme qui le mènera plus tard, sans l’ombre d’un doute, à des troubles psychotiques.
Le côté réflexion de sa personnalité est d’avance sacrifié sur l’autel des rituels.
Faire participer un enfant à une scène dégorgement sous l’affreux prétexte de l’éduquer dans la tradition c’est faire de l’ignorance une science.
Djaffar Ben.
