Accueil, Mémoire, Nouveau, Politique, Réflexion, Société

Je suis triste

images-3Pendant que les 3/4 de la planète affirment «être Charlie», un milliard de musulmans défilent pour se proclamer Mohammed, Prophète vénéré de l’Islam.

En Algérie, quelques centaines de personnes ont marché en cassant tout, détruisant le bien public sans aucun égard pour leurs compatriotes.
Un des slogans était «Je suis Mohammed» scandé dans une clameur blasphématoire. Qui peut aujourd’hui se prétendre «être» le Prophète? Qui peut oser se substituer à une volonté que le Messager de Dieu n’a jamais exprimée, ne laissant aucune directive quant à ses successeurs.

Nous sommes devant une grande et inquiétante interrogation.

S’il est possible de comprendre la grande émotion suscitée par les actes posés par Charlie Hebdo, il m’est difficile d’accepter qu’un amalgame soit fait entre les caricatures, l’Islam, le Prophète et les évènements sanglants et dramatiques qui ont endeuillé la société algérienne durant la triste «décennie noire et rouge» et qui frappent encore en Syrie, en Irak, en Libye et au Nigeria.

J’entends de nombreuses voix, même dans des camps adverses, qui dénoncent le silence des pays qui se disent démocratiques lors des attentats qui ont décimé une grande partie de l’élite intellectuelle et les journalistes algériens en prenant des innocents, femmes, enfants, personnes âgées en otage.

1 mort est un mort de trop ! Quelles que soient sa religion, la couleur de sa peau, ses convictions politiques, son ethnie ou sa langue.

Pourtant, il y en a eu 200.000 en Algérie, des milliers à Gaza, et dans ces pays «maudits par le pétrole» du Proche et Moyen-Orient.

200.000 qui attendent encore que justice soit rendue. Pas celle de l’État régalien qui décide toujours dans le sens de son poil, mais la justice et la reconnaissance du peuple algérien qui s’est résigné à accepter son sort comme une fatalité.

Je sais, on pourrait me dire : où était cet Occident des Lumières qui a érigé la liberté d’expression en un dogme à sens unique lorsque nous pleurions nos disparus? Peu importe où il était !

Dans le journal Le Devoir (Montréal) Muriel Koucoï, d’origine béninoise, qui participait à la vigile organisée à Montréal par un collectif de membres de la diaspora africaine, dit :

«On a besoin d’aide, c’est vrai. Mais nous-mêmes, nous ne nous mobilisons pas en Afrique. Ça m’a fait réagir de voir le continent se mobiliser pour Charlie. Loin de moi l’idée de minimiser ce drame, mais avant d’aller balayer la cour du voisin, on doit s’occuper de nous-mêmes.»

Où étaient donc ces nouveaux porte-étendards d’un Islam caricaturé lorsque leurs propres frères et sœurs étaient sauvagement assassinés ?

Où sont-ils ces courageux casseurs qui se taisent lorsque des musulmans, comme eux, se font exploser dans les rues de Baghdad? Lorsque Gaza se tient debout dans l’indifférence, que font-ils ces matamores qui insultent le monde entier qui serait coupable de toutes les turpitudes en continuant leur lucratif «bizness» ?

Ils dénoncent tout et rien dans un melting pot indigeste. L’Occident dont ils rêvent, les voitures de luxe, les résidences au bord de la mer, le sionisme, la berbérité, la langue arabe… en ponctuant leurs discours par une kyrielle d’injures blasphématoires que les oreilles les plus sourdes ne sauraient accepter.

Din babek, din oummouk, din rabek, font partie du vocabulaire de ces princes de l’absurde qui continuent dans l’ignorance à croire qu’ils croient. Alors qu’ils ne croient même pas en eux car, injure suprême, en s’attribuant le droit de vie et de mort, ils croient être Dieu.

Je suis triste.

Aziz FaresUnknown-1

in le Soir d’Algérie 21/01/2015

Mots-clefs :, , ,

Pas encore de commentaire.

Ajouter votre réponse

Username14349 |
Bienvivrealahaiegriselle |
Lecrpe2015 |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Photoshopfree7979
| Despetitspapiers
| Mon tour du web en 80 clics