Les larmes du soleil
…Le soleil pleurait…
…et les enfants faisaient tout pour le consoler, en vain…
Enfants courageux livrés à eux-mêmes qui tentaient de s’endormir bercés par le vrombissement des avions (de chasse) et le sifflement strident de bombes ciblées dont ils sont la cible.
Il n’y a plus d’enfants, plus de cœurs qui chantent, plus de mères qui consolent, plus de pères protecteurs , plus rien que le silence qui impose sa loi, silence lourd dans lequel aucun écho ne se propage…
On dit parfois, lorsqu’il pleut, c’est que le Bon Dieu pleure ! Belle invention qui pourrait rassurer si cette pluie d’obus meurtrière n’aveuglait pas nos sens.
La mort est partout. Dans la rue, mais y a t-il encore des rues lorsque les maisons, les immeubles se sont effondrés emportés en milliers de gravats par le souffle de l’enfer.
La vie tente de s’accrocher au moindre souvenir. Papiers, photos, objets divers , poupées, jouets abandonnés qu’aucune main ne peut retenir.
Les mosquées sont en ruine alors que les cœurs espèrent encore pouvoir se réfugier dans des églises éventrées comme un animal qu’on sacrifie.
Bien sûr, des roquettes s’abattent en terre ennemie, Terre pourtant promise à la plus haute destinée. Terre convoitée, spoliée, volée, conquise, confisquée.
Où trouver les mots pour dire l’indicible ?
Les cimetières ne sont plus que des trous béants qui refusent d’accepter une mort injuste. Tombes profanées pour effacer la mémoire d’un peuple. Deuil impossible qui se résume à tenter de conserver la mémoire décousue d’un linceul maculé du sang d’innocents dont l’erreur tragique était de se trouver sur la trajectoire aveugle de missiles qui se disent intelligents.
Il n’y a plus d’enfants; il n’y a plus personne… que des ombres errantes qui ne reconnaissent rien, sourdes et sans voix, hébétées.
Regards hagards qui font d’eux d’innocents/coupables .
(Ecouter)
( in Le Soir d’Algérie/Monde du 09 août 2014)