Pardon
Très sérieusement, je ne pense pas être qualifié pour répondre à la place de mon frère Aziz Smati : Peut-on pardonner ?
Lui seul est porteur d’une blessure qu’il peut essayer de comprendre, de gérer, d’accepter ou non. Lui seul a vécu ce drame de l’intérieur, dans le silence de son intimité.
Aussi je ne me sens pas le droit de lui demander de pardonner ou non.
La réaction que chacun peut avoir est souvent dictée par l’émotion, la colère, la revanche. Tout cela peut teinter une réflexion objective.
Aziz, victime d’un attentat que nous condamnons tous, a-t-il compris lui-même ce qui lui est arrivé il y a 20 ans ?
Compris en lui donnant un sens. Ce sens qui nous échappe et qui nous fait dire : « pas de pardon ! ».
Aziz, depuis ce 14 février 1994 qui a fait basculer sa vie dans un fauteuil roulant, peut-il nous dire ce qu’il ressent à l’évocation de ce qui pour lui n’est pas « qu’un souvenir douloureux » mais une réalité concrète ?
Comment vivre le reste de ses jours avec ce moment précis qui lui a fait côtoyer la mort, abandonné sur une route de campagne ?
Le pardon est une grande décision qui ne se prend pas à la légère. Accorder son pardon, ou le refuser, implique une conscience aiguë de la responsabilité individuelle.
Dire: « jamais je ne pardonnerai » a un sens qui m’échappe! Aziz peut-il m’aider?
Aziz, mon frère, compagnon des joies et des peines, Géant de sa profession, tu as le droit de vivre en paix. Peux-tu, veux-tu pardonner ? À qui pardonner me diras-tu ? Seul toi connais la réponse ! Et pardonne moi si je n’ai pas compris .
Avec ma fidèle et fraternelle amitié.