Témoin
Mustapha Benfodil est de la trempe de ces hommes qui font réfléchir en touchant le point sensible de notre coeur.
Journaliste, grand reporter, écrivain, il raconte la Vie . A Baghdad dans l’enfer de la Zone verte supposée pacifiée, à Damas millénaire, à Alep historique, au Caire, berceau des civilisations, partout il observe, note et témoigne fidèlement de ce qu’il a vu et entendu.
Il vient une nouvelle fois de nous interpeler comme une révélation soudaine pour mettre à nu cette réalité que beaucoup s’efforce de ne pas voir.
Appliqué comme un enfant studieux, ce fort en thème de l’écriture ne badine pas.
Il était à Ghardaïa, scène de dangers qu’il affronte avec la conscience de l’artisan..
Il nous dit, nous explique ce qui se passe non pas en des Terres lointaines mais bien chez nous maintenant, aujourd’hui, dans notre pays. Pas besoin de CNN pour mettre en scène une tragédie qui nous concerne.
IL le fait sans complaisance, sans tenter d’avoir raison, sans prendre parti, sans jugement partisan. Il a le courage d’aller au devant de la Vérité qui a la fâcheuse tendance de se cacher mais qu’il dévoile dans un acte sublime.
« L’enfer, c’est les autres! » ; bien sûr! Mais qui sont ces « autres » lorsque nous sommes les autres des autres?.
Ghardaïa apparait alors à travers le reportage , l’analyse, l’étude de Mustapha, le détonateur d’une bombe à retardement que le pouvoir ne parvient pas cette fois à désamorcer comme il a voulu le faire en d’autres temps, particulièrement en Kabylie.
Ghardaïa s’échauffe et de cette région réputée pour son hospitalité légendaire, ses rites, sa culture, ses traditions, sa tolérance, s’élèvent les fumées annonciatrices d’un désastre .
Le bilan est déjà lourd. Des vies humaines brisées, des familles éplorées, des commerces pillés, des rues peuplées de nouveaux fantômes, des cimetières et des mausolées profanés, voilà ce qu’est devenue l’Algérie en cette année qui commence dans les pleurs.
Mustapha, mon ami, mon frère, je tiens non pas à te féliciter, en ai-je la compétence, mais à te dire toute l’admiration que j’ai pour cette plume acérée que tu sais tremper dans l’encrier de notre âme meurtrie mais surtout pour l’Homme de coeur qui dissimule, mal, sa révolte sous une montagne de gentillesse.
Aziz Farès