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les TIC et les pays arabes

(article signé Zahir Farès )1101831128_400

Une analyse des événements qui secouent le monde arabe a travers les TIC les réseaux sociaux. un parfum de déjà vu et un rappel des oeuvres de science fiction. Une analyse et une réflexion sur le contrôle des images et du flux d’information par les grandes puissances occidentales.

Des extraits de cette analyse On pourrait aussi se demander si ces technologies sont portées au pinacle pour avoir aidé les peuples à combattre les dictatures ou si elles ne font que répondre de manière plus ou moins fantasmatique à l’idéal connexionniste occidental. Fait qu’illustre, par exemple, la notoriété soudaine du blogueur égyptien Wael Ghonim, directeur de marketing au Moyen Orient pour le compte de l’entreprise phare de la Silicon Valley, apôtre de la « révolution 2.0 » et représentant de la jeunesse urbaine connectée issue des couches moyennes et supérieures, considérée à tort ou à raison comme l’élément moteur des soulèvements. 

En dépit du rôle « dépolitisant » de certaines de ces technologies, c’est un fait que leur développement ronge depuis deux décennies au moins l’assise du pouvoir des sociétés autoritaires en corrodant le modèle strictement patriarcal qui les domine. Le Prince, avertissait Machiavel, « peut combattre de deux manières : ou par les lois, ou par la force » [7] Il doit être à la fois homme et bête et avoir « l’esprit assez flexible pour se tourner à toutes choses, selon que le vent et les accidents de la fortune le commandent ». Et s’il agit en bête, « il a également besoin d’être renard pour connaître les pièges, et lion pour épouvanter les loups. Ceux qui s’en tiennent tout simplement à être lions sont très malhabiles. » Voilà un conseil dont, le plus souvent, les dictateurs ne tiennent pas compte.

De nos jours, comme dans le passé, les pouvoirs autoritaires ont recours à la limitation drastique de l’information pour s’auto-légitimer et ont tendance à vouloir que les flux TIC demeurent des instruments de contrôle direct et de propagande. Leurs États sont pourtant contraints de faire coexister leur « ministère de la Vérité » avec Internet et leur Marché avec des outils basés sur une activité en réseau susceptible de se trouver en porte-à-faux avec les conduites traditionnelles strictement hiérarchiques. Bien que ces pouvoirs sachent aussi utiliser les nouveaux médias, le bénéfice qu’ils en tirent s’avère bien inférieur à la force du modèle connexionniste, libéral-libertaire et démocratiste, que ces derniers propagent et qui ruine les valeurs traditionnelles sur lesquelles s’appuient ces régimes.

La question du rapport entre l’exercice du pouvoir et la gestion des flux informationnels n’est pas nouvelle. Elle a, par exemple, fortement préoccupé George Orwell. Dans 1984, Orwell pousse à l’extrême la description d’une société basée sur l’utilisation purement répressive de ces flux. On se souviendra sans doute que, dans son roman d’anticipation, le « télécran » est à la fois l’arme de la Police de la pensée et un instrument de télésurveillance. Il diffuse des hymnes militaires et des musiques absolument barbares, ou de longues séries de statistiques illustrant les prouesses du régime. L’image d’un opposant politique accusé de trahison sert à alimenter les catharsis populaires (les « Deux Minutes de la Haine »). Le portrait géant de Big Brother, homme au visage austère dont la mine patibulaire est l’incarnation même du totalitarisme, est omniprésent. Le télécran est la voix de l’autorité – il transmet ses ordres –, mais il est aussi capable de voir et d’analyser chaque comportement qui s’écarte un tant soit peu de l’orthodoxie. Rien n’échappe à l’œil ubiquiste de Big Brother et le décor même de la ville en ruine se divise en zone avec ou sans télécrans.

Un autre roman d’anticipation publié à la même époque propose une vision assez différente du futur. Il s’agit de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Dans ce récit, où le mode de domination correspond de manière étonnamment prémonitoire à celui qui règne dans nos sociétés connexionnistes, les flux TIC, séducteurs, addictifs et participatifs, sont parvenus à vider les esprits et à désamorcer toute velléité de révolte. « Bourrez les gens de données incombustibles, gorgez-les de “faits”, qu’ils se sentent gavés, mais absolument “brillants” côté information. Ils auront alors l’impression de penser, ils auront le sentiment du mouvement tout en faisant du sur-place », explique le capitaine Beatty au pompier Montag. Il n’est plus utile de savoir si les « faits » sont révélés avec exactitude ou s’ils sont falsifiés car le flux discursif des TIC est doté d’un effet déréalisant.

L’information basée sur un déferlement ininterrompu d’évènements créera à la fois un sentiment d’inquiétude propice à l’immobilisme et l’illusion d’avancer. Avant d’être une mesure de loi, la censure a été acheminée par les excès de la société elle-même. La destruction de la culture est davantage un phénomène endogène d’extinction que de censure. Car « au vingtième siècle, poursuit Beatty, on passe en accéléré. Livres raccourcis. Condensés, Digests. Abrégés. Tout est réduit au gag, à la chute. (…) Les classiques ramenés à des émissions de radio d’un quart d’heure, puis coupés de nouveau pour tenir en un compte rendu de deux minutes, avant de finir en un résumé de dictionnaire de dix à douze lignes. (…) La scolarité est écourtée, la discipline se relâche, la philosophie, l’histoire, les langues sont abandonnées, l’anglais et l’orthographe de plus en plus négligés, et finalement presque ignorés.(…) Davantage de sports pour chacun, esprit d’équipe, tout ça dans la bonne humeur, et on n’a plus besoin de penser, non ? Organisez et organisez et super-organisez de super-super-sports. Encore plus de dessins humoristiques. Plus d’images. L’esprit absorbe de moins en moins. Impatience. Autoroutes débordantes de foules qui vont quelque part, on ne sait où, nulle part. (…) Et voilà, Montag. Tout ça n’est pas venu d’en haut. Il n’y a pas eu de décret, de déclaration, de censure au départ, non ! La technologie, l’exploitation de la masse, la pression des minorités, et le tour était joué, Dieu merci. » (op. cit.) fin de citation

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