Dieu.
J’ai la gueule de bois ce matin.
Je lis, relis écoute les commentaires enflammés, passionnés de millions d’aficionados qui ont changé de religion en 90 minutes.
Il a suffit d’un seul but, un ballon envoyé au fond des filets « adverses» pour que bascule tout un peuple dans une euphorie débridée en lui faisant oublier l’adversité à laquelle il est confronté.
Si la joie de voir « son » équipe nationale qualifiée à la coupe du monde de football, de plus au Brésil- terre du sport roi, est compréhensible, la dimension qu’a pris ce non évènement est inquiétant car il révèle la face cachée du désarroi de 35 millions de citoyens qui s’accrochent désespérément à des espoirs fragiles.
Le football, dont j’ai, au demeurant, toujours été un amateur , a pris la relève du train train quotidien d’une malvie maladive.
J’accepte d’être le rabat joie d’une victoire sur évaluée après la dévaluation d’une monnaie qui frise l’indécence. Je me demande comment des millions d’individus se défoulent dans une transe débridée qui leur fait «oublier» tous les malheurs qui s’abattent sur eux depuis 1/2 siècle. Les sorciers de la politique ont donc fait sortir le djinn tout puissant des embouteillages chroniques qui paralysent la vie économique et sociale de tout un pays. Les pétards mouillés font long feu pour faire exploser une fausse joie qui croit faire taire les revendications citoyennes les plus élémentaires.
Les Romains, impitoyables bâtisseurs d’empires, avaient bien compris que tout devait se jouer dans les arènes des cirques et j’assiste avec tristesse à une répétition d’une pièce jouée sans les véritables acteurs.
Le théâtre de la vie politique s’est transformé en une scène occupée par les percussions insoutenables de musiciens improvisés qui ont mis un peuple sous perfusion afin d’irriguer la pensée de promesses d’un paradis rêvé.
Ainsi que nous le promettaient en 1991 les bailleurs de fond d’une religion détournée de son essence , Le Brésil va devoir changer ses habitudes vestimentaires et les cariocas s’habiller décemment pour accueillir les partisans d’une équipe nationale algérienne devenue le nouvel étendard d’une nation ivre d’avoir trop bu à la coupe du malheur.
Alea jacta est. Ce proverbe prend un nouveau sens aujourd’hui dans une Algérie qui prie le Dieu football en troquant ses houris pour des hourras.
Aziz Farès