Mon Orient
« J’ai vu l’orient dans un écrin… », chantait Adamo! Et quel écrin! Pour une perle dans ce désert où les murs des maisons épousent les couleurs du soleil !
Timimoun, c’est mon Orient.
L’Orient, mot mystérieux qui résonne dans le lointain. Mot chargé d’une émotion qui nous transporte aux confins de l’histoire. Notre histoire partagée, commune à tous les hommes, universelle, éternelle.
L’Orient où tout a commencé, aujourd’hui encore, détient une vérité qui reste à découvrir.
Fermons les yeux un instant. Sans nous raidir, laissons nous aller, naviguer, errer dans le dédale de nos sens.
Enfin, là, nous voyons l’invisible, nous entendons les moindres chuchotements, sous sentons les irrésistibles effluves.
Que voyons nous, aveugles parmi les aveugles ? Quel souffle nous caresse? Quel parfum nous flatte pour nous séduire? Quelle musique s’invite au coeur de notre esprit qui accueille librement des notes harmonieuses?
Là, tout est calme luxe et volupté….ici se dresse le mausolée aux dimensions parfaites.
Rien, personne ne peut troubler un savant équilibre.
Ici, précisément, commence l’Orient de ma pensée.
Une mosquée, un temple, une synagogue, une église et des voix qui s’élèvent et chantent à l’unisson. Une prière, un appel, une complainte; des larmes coulent lentement, le sang bondit dans des veines déchaînées, les coeurs s’emballent et les soupirs se joignent dans un élan confiant. Les étoiles se mettent à briller, gardiennes de la nuit où trône une douce lune, fragile et rassurante.
Le vent tiède de l’été me berce tendrement. Et je revois les jours heureux qui défilent devant mes yeux ravis.
Parfois, au loin, une voix appelle.
Les palmiers se congratulent, fiers et généreux.
Et puis il y a ces villages, ces maisons, perchées au bout de l’horizon, ce soleil qui irradie, ce ciel si bleu qui s’étend à l’infini, ces venelles discrètes, ces fleurs exubérantes, ces senteurs hypnotiques qui bouleversent ma raison.
Là, sont mon père, ma mère, mes frères, ma soeur, mes cousins, mes cousines, ma famille, mes oncles, mes tantes, mes grands-parents, mes amis, mes parents proches ou même les plus éloignés…
Il y a les monuments aux lignes élancées, gardiens impressionnants, des escaliers secrets qui mènent vers de douces rencontres, des tableaux, des peintures, des images sucrées…
Il y a le silence, le recueillement, les plaisirs coupables, les fautes inavouées, les douces extravagances, la candeur des murs chauds, les couleurs de la vie.
Cet Orient, le mien se révèle peu a peu. Toujours le même, à chaque fois différent, captivant. Il emporte, il m’emporte, me transporte, me fait vivre et mourir, découvrir en un instant l’objet d’une quête sublime.
Je suis enfin devenu ce citoyen du dernier monde, du monde inaccessible. Ce pèlerin de l’Univers parti il y a longtemps pour un dernier voyage, le seul qui le relie à lui.
Une halte pour dormir, serein, sans rien attendre. Rien d’autre qu’un moment furtif, rapide, insaisissable, précieux.
Ils sont là qui nous regardent, qui nous voient les regarder et qui voient nos regards émerveillés.
Ils sourient, heureux, patients, tolérants.
Ils sont vivants, entrés dans la légende qui se confond dans une réalité aux reflets changeants. , Mais pourquoi encore chercher ?
Pourquoi se poser des questions dont nous avons déjà les réponses ?
Peut être nous faut il encore fermer les yeux pour s’ouvrir et s’offrir sans réserve à notre inestimable vérité.
« J’ai vu l’orient dans un écrin… », Inchallah!
Aziz Farès