Ombre et Lumière
« Je ne comprendrai jamais les injures racistes »… c’est ce que me disait un très bon ami.
Il faut alors lire et relire , Sartre, Marx et bien sur Fanon …. « tendez l’oreille lorsque l’on parle des juifs; c’est qu’on parle de vous!« .
Nous sommes et serons toujours « vus », jugés, condamnés, jusqu’à être damnés à travers le regard de l’Autre. Cet « Autre moi » qui se projette et ne s’accepte pas tel qu’il est et qui ne peut supporter sa condition. Il a alors » ce besoin » de se sentir supérieur; mais il ne le peut pas. Il ne le peut pas car il sait qu’il n’est rien d’Autre que l’Autre. Cela l’effraie, lui fait peur, l’humilie ; alors il s’auto-mutile pour enfin tenter de faire disparaître de son regard ( qui est En-Lui) cette partie méprisable qui , croit -il ( en fait il en est convaincu) fait de lui un sous homme.
D’une manière ou d’une autre, pour paraphraser Nietzsche, il nous faut porter un cadavre dont nous devons nous débarrasser. A cette condition, peut être, l’Autre y laissera sa peau. L’Autre, c’est ce qui est mal, ce qui est mauvais, l’autre sexe, l’autre race, l’autre langue, l’autre culture. L’Autre c’est celui qui doit plier, se plier, supplier. Dilemme angoissant lorsque personne ne répond.
Etre artiste, peut -il faire échapper à cette tendance enfouie au fond de l’homme. Ce serait prêter à certains individus des capacités hors normes qu’ils auraient en vertu d’un pouvoir dont ils pensent ( ils croient) avoir hérité.
Hier le juif, aujourd’hui l’arabe mais toujours et encore le noir. Un noir qui se profile dans un clair obscur artistique et qui se faufile telle une ombre, la notre, impossible à saisir.
Aziz Farès
