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Rupture & Indépendance

 « L’indépendance n’est pas un état de choses, c’est un devoir » Vaclav Havel.

La question apparemment essentielle de la démocratie et de la liberté d’expression cache en réalité un désarroi cruel dans lequel est plongé le Monde Arabe et nous ramène invariablement à ces interrogations : quid de l’Armée ?Mais surtout quid de la Société civile ?quid du quidam ?

Plusieurs lectures s’offrent à nous, toutes aussi valables les unes que les autres et sont conditionnées par les paramètres suivants :

Que signifie la démocratie ?
Comment définit-on la Liberté ?
Peut-on mettre en place une mentalité démocratique sans passer sous les fourches caudines de l’Armée ?
Veut-on La Démocratie ? avec/contre qui ?
Pourquoi la démocratie ?
Comment se comporter en respectant l’Autre ?
Jusqu’où, jusqu’à quand peut on être démocrate ?

A première vue la question de la démocratie est insoluble ainsi que l’exprime en filigrane le discours pathétique des nombreuses forces en présence ( on pourrait dire sans trop se tromper, qu’il s’agit davantage de maillons faibles !) qui murmurent à qui veut l’entendre qu’il ne saurait y avoir de démocratie ni de liberté d’expression dans des pays qui ont dû ( à leur corps défendant(?) accepter le joug de dictatures inflexibles, muettes et atteintes de cécité.

Dans ces conditions, que veut on ?

Ceci nous ramène à la question centrale : jusqu’où ira l’Armée ?

Peut on comprendre que l’Armée peut laisser « pourrir » la situation( au profit de qui ?), ou bien aurait elle dû intervenir plus tôt et surtout de manière plus énergique ?

Mais souhaite-t-elle intervenir davantage dans la vie publique ?

Pour compliquer le débat, emportée par une logique implacable, la classe politique s’enferme et s’enferre dans un ghetto.

Elle est alors jugée sans appel car elle ne participe pas à la culture démocratique en gestation mais donne l’impression, par une stratégie du Pouvoir, de reléguer en seconde position les intérêts supérieurs de l’Etat.

 « …partisans de la politique politicienne…(les partis)…ont choisi l’obstruction et la démagogie avec comme arrière pensée l’espoir de récolter à l’avenir les voix de la base électorale de l’ex F.I.S…» (in El Watan du 06/12/93( Algérie).

Les Frères Musulmans et autres mouvements islamistes attendant en embuscade que La conjoncture leur soit plus favorable.

Ceci dit, pourquoi alors s’interroger et surtout s’étonner lorsqu’on préjuge de la capacité des formations politiques à être représentatives et aujourd’hui encore largement marginalisées ?

Nous sommes en face d’une évidence qui ne peut plus être occultée. Le dialogue, la démocratie avec son cortège de «valeurs» n’a jamais vraiment commencé ou du moins cela s’est fait sur des bases mouvantes.

Le débat, autre évidence, est sans cesse ramené de manière quasi obsessionnelle autour de l’Armée dont on attend tout mais qui « …veut éviter de jouer le 1er rôle…tout en étant empêchée d’échapper à son destin… ».(sic) 

Ce dilemme laisse entrevoir la problématique à laquelle l’Armée se trouve confrontée et qui par un effet mécanique se trouve projetée au niveau de la Société Arabe dans son ensemble et qui voit l’opposition réduite à deux tendances : l’une dite progressiste, démocratique(?), l’autre islamiste.

Dans ce magma où se situe l’Armée ? Est elle avec une de ces tendances ? Contre ? Au dessus ou non concernée car «garante (et de quelle manière?) des institutions issues d’une volonté populaire» qui a eu a s’exprimer de manière souvent ambiguë.

Il est vrai qu’à plusieurs reprises, l’Armée a exprimé ses positions.

On peut les résumer sans peine : état de droit, républicain, démocratique, basé sur des valeurs nationales, la religion islamique et la culture ancestrale.

Ce clair obscur est plus troublant qu’il ne rassure. Car si la grande majorité de la société partage ces conceptions, pourquoi ces fondations solides n’ont elles pas permis à un projet moderne de se concrétiser ?

Nous arrivons là à un nœud du problème : qu’est ce qui pourra permettre au Monde Arabe de sortir de la crise multidimensionnelle qu’il subit dans l’angoisse ?

Beaucoup revendiquent à grands cris une rupture avec un système jugé obsolète qui doit être reformé. Untel doit partir; il faut organiser des élections, redistribuer les cartes … mais au profit de qui ?

Depuis les Années d’Indépendance, le Monde Arabe a connu plusieurs dirigeants, plusieurs modèles économiques, plusieurs institutions et il a fallu user sans vergogne de divers stratagèmes pour habiller les propositions de changements.

Résultat, tous les pays de cette région, malgré des richesses naturelles, un potentiel humain, des ressources intactes, dérivent au gré des flots.

Ici apparaît dans toute sa dimension la difficulté de rassembler autour d’un projet commun démocratique ou même islamiste et le seul consensus qui paraît s’être fait tourne autour d’une lutte anti terroriste qui endeuille chaque jour et dont chacun ignore tout.

Au-delà chacun ne vit que pour lui. Et dans ce cas il n’y a plus de dialogue, plus de réconciliation, plus de communauté Nationale et encore moins de démocratie. Il n’y a plus rien !

Ce que les états-majors politiques demandent avec une naïveté inquiétante aux systèmes mis en place il y a un demi-siècle, c’est tout simplement de mettre fin à son existence, autrement dit de s’auto -dissoudre. Est-ce bien raisonnable ? Et est ce là que réside véritablement le problème ?

D’ailleurs, quels que soient les hommes qui se sont succédés, quelles qu’aient été les crises souvent violentes, quelles que soient les tentatives d’ouverture, de verrouillage, de dialogue, le système fonctionne, perdure et s’auto alimente à une source dont on semble avoir perdu la trace.

Que faire, encore une fois ?

Quels que soient les pseudo messages distillés, quelles que soient les luttes intestines, il est clair que l’Armée est incontournable.

Une évidence qui peut paraître aussi naïve qu’irresponsable ! Mais qu’il faut cependant énoncer.

Avec certes une nuance. Il ne faut pas chercher coûte que coûte à obtenir le soutien d’une Armée qu’on dit vieillie, corrompue et qui aurait la mainmise dans tous les pays du Monde Arabe.

Il ne faut surtout pas chercher coûte que coûte à obtenir son soutien et encore moins son investiture.

l’Armée doit être au-dessus des luttes partisanes. Elle l’a montré une fois pour toutes en ouvrant la voie de l’indépendance.

Le Monde Arabe doit apprendre à réfléchir par lui-même et retrouver les traces qui auraient permis de s’ancrer dans la modernité.

La véritable rupture se situerait probablement là : Dépasser les nationalismes obsolètes et anachroniques, aller au-delà du message originel religieux et agir de manière adulte, responsable.

La Rupture doit se faire ici. C’est cela être indépendant.

Aziz FARES

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