« Entre char et charia »
Le printemps arabe semble s’être figé en une saison morte. Événement porteur d’espoirs qui se sont envolés telles des hirondelles craintives, ce printemps ne fleurit pas.
Les larmes ne cessent de couler en se mêlant aux cris de haine, vociférations et hurlements sinistres. Le » monde(arabe) » semble vouloir plonger dans une inéluctable descente aux enfers.
« Entre le char et la charia « , des millions d’hommes , de femmes, d’enfants, de vieillards sont tiraillés, mitraillés , humiliés sans jamais pouvoir retrouver un semblant de dignité. « La société civile » avalée, désintégrée, digérée , a disparu d’une carte d’état major. La classe moyenne se débat dans des eaux polluées pendant que des marmitons besogneux soufflent sur les braises de la discorde. La concorde » préfabriquée , imposée comme une pièce rapportée , s’est diluée dans un chaudron d’où émanent des senteurs fétides.
Cela fait un demi siècle, une vie, deux générations, que les espoirs des Algériens pataugent dans une boue durcie. Plus de cinquante années d’une attente impossible. De crimes, de meurtres, d’assassinats, de viols et de violence qui ont montré une limite intolérable. 50 ans de prébendes, de vol, de rapine, de détournement , d’abus de pouvoir, de corruption.
Mais tout cela chacun le sait et je ne ferai à personne l’affront de dire qu’il ne savait pas.
Ou en sommes nous ? Qui nous dirige sans même connaître la route. Qui tient le gouvernail dans l’ombre fraîche des salons ou règne une douce atmosphère ?
Pendant que des millions de citoyens sans citoyenneté se battent pour tenter d’atteindre le crépuscule de journées dans lesquelles ils avancent, fantomatiques corps d’une Société malade que personne ne veut soigner, aimer, protéger. Personne? Non personne. Car chacun ne pense qu’a lui, esprit qui se veut libre mais qui a les pieds et mains liées, prisonnier des lubies de minables apprentis sorciers dont le bilan n’est pas nul mais en deçà. Il est temps de relever la tête, de se mettre en marche, de reconquérir une liberté volée, de prendre un envol , un nouvel élan, et notre destin en main. De mettre en mouvement un corps encore vivant qui peut encore bouger, de se mettre debout et de prouver qu’entre le char et la charia il y a une autre voix , celle des Algériens qui veulent vivre debout. Ne rêvons plus.
Ou mieux, rêvons! Rêvons que nous marchons, ensemble pour aller à la rencontre de cet autre que, il y a 50 ans nous appelions mon frère, ma sœur. Mettons nous en marche dans un mouvement irrésistible, sans crainte, sans fausse honte en proclamant notre volonté d’être des Algériens, libres et fiers. Débarrassons nous des clichés qui ont parasité la Vie Citoyenne et qui nous complexé en kidnappant la Lutte de Libération et la religion.
Les hommes et les femmes de conviction existent , honnêtes, compétents, sincères. Ils sont près à servir.
Il ne s’agit là ni d’un voeu pieux , d’une utopique envolée littéraire, d’un rêve d’idéaliste, mais bien d’un appel non pas à l’aide mais à la conscience qui s’éveille.
Nombreux sont ceux et celles qui croient en l’Algérie et qui déjà partagent cet engagement qui prendra forme de manière concrète à travers un mouvement dont l’ambition est de participer à la Vie Citoyenne. Il nous appartient de relever ce défi car l’Algérie nous appartient.
Aziz FARES
15/07/2013